mardi 17 septembre 2013

Bouddhisme - Le pont vers la liberté totale, plan B

Le Bouddha de la Grande Pagode
 du bois de Vincennes
Y-a-t-il une vie après la Scientologie ?

De nombreux scientologues se sont acharnés pendant des années à gravir le pont, pour finir désabusés, ruinés, abandonnés ou harcelés par le groupe auquel ils ont tout donné.

Alors ils quittent la Scientologie en toute apathie, ou bien encore avec fracas en devenant des critiques acharnés.

Mais il existe une voie du milieu. 

Pour ma part, après 15 ans de Scientologie, après m'être ruiné plusieurs fois pour finalement devoir tout reprendre à zéro, j'ai quitté ce vampire temporel et spirituel, et j'ai choisi le Bouddhisme comme nouveau pont vers la liberté totale.

Voici quelques comparaisons qui permettent de positionner le Bouddhisme par rapport à la Scientologie :


Le but de l’homme

Selon la Scientologie, le but de l’homme est la survie. Pour atteindre ce but général, il est recommandé d’atteindre des buts particuliers : état de clair et OT.

Selon le Bouddhisme, le but de l’homme est le bonheur et l’élimination de la souffrance. Pour atteindre ce but général, il faut atteindre l’état d’éveil (libération des illusions et des conditionnements du mental et de l’univers physique. C’est peut-être ce qui a incité Hubbard à dire que Bouddha extériorisait les gens).

Les buts de l’homme selon le Bouddhisme et la Scientologie peuvent sembler équivalents, cependant ils mènent à des cheminements différents dans le domaine de l’éthique et de la pratique.

L’éthique

La définition de l’éthique dépend du but de l’homme.

En Scientologie, l’éthique est ce qui procure un maximum de survie et un minimum de destruction sur un maximum de dynamiques.

L’éthique bouddhiste est conçue pour favoriser le bonheur et éliminer la souffrance des êtres sensibles.

Ces définitions mènent à des attitudes similaires sur plusieurs points, par exemple le fait de ne pas faire de mal à autrui.

Mais la définition bouddhiste donne plus d’importance à des facteurs tels que la « pensée juste » et la « parole juste ». Selon le bouddhisme il est important de penser de bonnes pensées et d’éliminer les émotions négatives.  L’entraînement va donc comprendre l’utilisation « d’antidotes » aux pensées et émotions négatives

Les causes de la souffrance

En Scientologie on ne parle pas tellement de souffrance, on parle plutôt d’aberration. La cause de l’aberration est le mental réactif, notamment les engrammes.

Selon le Bouddhisme, la souffrance provient de deux causes principales : les empreintes karmiques et les émotions aliénantes (principalement désir, haine, ignorance). De ces deux causes, les émotions aliénantes sont la principale, et de toutes les émotions aliénantes, l’ignorance est la principale, car le désir et la haine proviennent d’un statut erroné accordé aux objets (notre mental est formé d’illusions que nous prenons pour la réalité).

Les empreintes karmiques sont les traces laissées sur le flux de la conscience par les actes des vies passées. La Scientologie travaille surtout sur les empreintes karmiques, alors que le bouddhisme s’occupe surtout des émotions aliénantes.

Les émotions

Ici aussi, le classement des émotions est réalisé en fonction du but assigné à l’homme.

En Scientologie les émotions sont classées en termes de degré de survie.

Dans le Bouddhisme, les émotions sont classées en termes de bonheur. Les émotions positives sont celles qui favorisent le bonheur et réduisent la souffrance, les émotions négatives sont celles qui réduisent le bonheur et augmentent la souffrance.

Dans le Bouddhisme les quatre émotions positives principales sont, par ordre décroissant : l’amour, la compassion, la joie et l’équanimité.  L’amour étant défini comme le désir que tous les êtres sensibles soient heureux, la compassion étant le désir qu’ils ne souffrent pas. Les 5 émotions négatives principales sont l’ignorance, le désir, la haine, l’orgueil, la jalousie.

L’ignorance selon le bouddhisme (ignorance de notre vraie nature) pourrait se comparer à « delusion » sur l’échelle des tons en anglais. L’échelle  des tons ignore le désir (qui est placé sur l’échelle CDEI) ainsi que l’orgueil et la jalousie.

Les bouddhistes effectuent un travail régulier sur leurs émotions : détection des émotions négatives et application d’antidotes pour les pacifier et les supprimer. Alors qu’en Scientologie il existe quelques exercices sur les émotions, mais ce n’est pas un travail aussi assidu que dans le Bouddhisme.

Le mot compassion est placé très bas sur l’échelle des tons en français, alors que la compassion est tout en haut de l’échelle bouddhiste. C’est un problème de traduction, le mot anglais « Sympathy » ayant été traduit par compassion. En scientologie j’ai longtemps cru que la compassion était une émotion négative, alors qu’en fait c’est l’une des plus nobles. Finalement c’était un problème de traduction.

Positionnement dans le temps

En Scientologie, mis à part quelques procédés tels que les procédés objectifs, les procédés ciblent le plus souvent des incidents et considérations du passé.

Les techniques bouddhistes fonctionnent surtout dans le temps présent. Il existe deux grandes catégories de techniques de méditation : méditation analytique et méditation avec concentration dans le temps présent. La méditation analytique peut faire un peu référence au passé, car elle consiste à examiner comment les principes bouddhistes peuvent s’appliquer et pour cela il est utile de faire appel à sa propre expérience. Les techniques de méditation avec concentration sont entièrement effectuées dans le temps présent.

Le style des techniques

En Scientologie, les procédés sont délivrés de façon intensive sur une période de temps limité. En dehors des procédés, le mental est livré de nouveau à ses automatismes.

Les techniques bouddhistes sont appliquées au quotidien. Par exemple je médite tous les jours. Cette prise en main quotidienne du mental permet d’éviter les dérapages.

Degré d’autonomie

Pour avancer en Scientologie, il faut que plusieurs facteurs soient en place :
  • Les finances, pour pouvoir payer les contributions
  • Un C/S et des auditeurs entraînés
  • Electromètre
Le Bouddhisme est gratuit, n’utilise pas d’équipements spéciaux et ne fait pas appel à des praticiens entraînés. Les techniques sont appliquées en solo.

Le Bouddhisme permet donc une plus grande autonomie, ce qui peut s’avérer précieux en temps de catastrophes. Par exemple la princesse Tibétaine Ani Patchen, qui a été torturée pendant des années dans des prisons chinoises, et qui a pu surmonter la torture grâce à son entraînement bouddhiste. Ou encore les situations désespérées lorsque personne n’est là pour nous aider, par exemple au moment de mourir.

Entrée dans le corps

Selon la Scientologie, le thétan prend possession du corps au moment de la naissance. De ce fait l’avortement est acceptable sur le plan de l’éthique.

Selon le Bouddhisme, l’être spirituel se lie au corps au moment de la conception. De ce fait l’avortement est considéré comme un crime.

Réincarnation

Selon la Scientologie, le thétan est immortel. Après la mort, il va passer quelque temps dans la zone d’entre deux vies puis se réincarner dans un nouveau corps.

Le Bouddhisme propose un scénario similaire, en précisant les divers types de réincarnation possibles : divinités, démiurges, êtres humains, animaux, fantômes faméliques et êtres des enfers.

Gestion de la mort

En Scientologie je n’ai pas trouvé de conseils sur l’attitude à adopter au moment de mourir.

Le Bouddhisme conseille d’éviter tout attachement, tout regret, toute émotion négative, car cela pourrait compromettre la renaissance future. En quelque sorte il faut avoir un niveau de ton élevé au moment de mourir ( ! ). Il est conseillé également d’entrer dans un état de recueillement méditatif, qui devrait permettre aux personnes entraînées de ne pas sombrer dans l’inconscience après la mort. Il existe également des techniques qui peuvent être utilisées par les amis du défunt après sa mort afin de faciliter sa progression dans la zone d’entre deux vies (appelée bardo par les bouddhistes).
Il est recommandé également de quitter le corps par le haut (sommet du crâne), ce qui permet d’accéder plus aisément à une renaissance humaine. Quitter le corps par le bas (organes sexuels) peut mener à une réincarnation sous forme animale.

Effets sur la santé

En Scientologie, des lettres de succès mentionnent souvent des améliorations au niveau de la santé. Il n’existe pas d’étude scientifique sur le sujet.

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses études scientifiques ont mesuré les effets des techniques de méditation sur la santé. Ces études portent souvent sur des groupes de 100 ou 200 personnes, avec un groupe témoin qui ne médite pas et un groupe qui médite. Les mesures mettent en œuvre analyses biologiques et imagerie cérébrale. Les résultats trouvés sont :
  • Amélioration des défenses immunitaires
  • Augmentation de densité de matière grise dans le cerveau
  • Réduction de la tension artérielle
  • Réduction du stress physiologique
  • Protection des télomères (la dégradation des télomères serait une des causes du vieillissement).
Certains psychiatres commencent à utiliser les techniques de méditation de pleine conscience pour aider les personnes dépressives. Selon les statistiques, environ 50% des personnes dépressives sont capables de pratiquer la méditation de pleine conscience, qui permet d’éviter les rechutes et de supprimer les antidépresseurs.

Existe-t-il un mental sain ?

Selon la Scientologie, oui : un mental débarrassé de ses aberrations est sain.

Selon le bouddhisme, de par sa nature même, le mental ne peut pas être complètement sain. Le mental utilise des objets mentaux qui sont des illusions, car ils ne sont que des représentations caricaturales de la réalité et ils ne tiennent pas suffisamment compte des relations d’interdépendance profonde entre les phénomènes.

Autrement dit l’état de clair ne suffit pas. Même un clair est encore pris dans le filet des illusions.

Pratique de l’altruisme et de la compassion

La Scientologie recommande d’aider les autres. Mais dans la pratique elle a tendance à se désintéresser des personnes qui ont de mauvaises statistiques. Hubbard critique les gouvernements socialistes qui aident les faibles et les malades, car selon lui cela encourage les mauvaises statistiques.

Selon le Bouddhisme, la compassion doit être universelle et s’appliquer à tous les êtres quel que soit l’état dans lequel ils se trouvent. L’altruisme est un facteur clé du progrès spirituel. Nous sommes liés aux autres beaucoup plus que nous le pensons. Aider les autres est la meilleure façon de s’aider soi-même.

Conclusion (provisoire)

Le Bouddhisme et la Scientologie attaquent le problème des misères humaines sous deux angles différents, qui à mon avis ne sont pas forcément opposés mais plutôt complémentaires.

Si on se casse la figure en Scientologie, le Bouddhisme est une façon fiable de rebondir en poursuivant des buts similaires.